Sa vie vue par Le Dictionnaire du Cinéma, Editions Larousse | ||
![]() Norma Jean, née de père "non déclaré ", passe son enfance au sein de familles successives. Modèle pour photographes dès 1944, mariée quelques semaines elle divorce en 1946, elle se retrouve actrice sans expérience à la Fox, puis à la Columbia (1948), et de nouveau à la Fox. Après une série de petits films, elle tient des rôles secondaires mais chaque fois marquants dans des oeuvres de plus en plus intéressantes et même dramatiques (Quand la ville dort, J. Huston, 1950). Sa beauté la dégage peu à peu des emplois de " blonde stupide " ou elle paraissait confinée. Dans Ève (J. Mankiewicz, id.), elle apparaît comme une rivale possible dans l'avenir de l'actrice dont le film raconte l'ascension. Sa promotion devient rapide à l'époque de son mariage (1954) avec un célèbre joueur de base-ball (Joe Di Maggio). On la lance à la fois comme la " pin-up intellectuelle" aux reparties osées "<Que portez-vous pour dormir, Miss Monroe ? - Une goutte de Chanel no 5 " et comme l'avatar moderne d'un "mythe " cinématographique cher aux Américains : celui de la séductrice, mais bon enfant, à la sexualité candidement affirmée mais rassurante. Ce stéréotype n'empêchera pas, avec très peu d'années de retard, le succès européen de "M. M. " vers 1955. Toutefois, Marilyn Monroe ne se satisfait pas de cette personnalité doublement factice qu'on lui a fabriquée. Elle l'utilise, pour s'affirmer à la fois comme femme et comme actrice, et, pendant moins de dix ans, elle va dominer les écrans, tout en proposant un type féminin détendu (faussement détendu en ce qui la concerne) qui présage d'autres libérations, et qui répond en tout cas à la mentalité de la "génération Kennedy ". |
Un tel don de sympathie irradie ses prestations que dans l'un de ses rarissimes rôles antipathiques, Niagara (H. Hathaway, 1953), elle inspire tout au plus la pitié. Sa touchante interprétation d'une névropathe (Troublez-moi ce soir, 1952) est limitée par la platitude de la mise en scène. Ses meilleurs rôles relèvent de la comédie (Chérie, je me sens rajeunir de Hawks; Sept Ans de réflexion et Certains l'aiment chaud de Billy Wilder), éventuellement de la comète musicale car elle chante et danse fort agréablement (Les hommes préfèrent les blondes, de Hawks; le Milliardaire, de Cukor) Elle tente de mettre sur pied sa propre maison de production (1955) et s 'attire quelques railleries. Elle décourage certains metteurs en scène par sa volonté même de devenir une grande comédienne, mais le public ne voit en elle qu'un " symbole sexuel " épanoui, d'ailleurs plein de gentillesse, et l'acclame. Sa vie privée ne répond nullement à cette image enjouée quelle donne d'elle-même jusque dans les instants émouvants de ses films. La fin des années 50 la voit en proie à de fréquentes dépressions et perte de mémoire, quelle soigne par un excès de barbituriques. Son troisième mariage (avec Arthur Miller) est un nouvel échec, et les Misfits (1961), que Huston dirige sur un scénario de Miller, sera en partie l'histoire même de leur incompréhension. Le film n'est guère une réussite pour elle. Au début du tournage de Somethings Got to Give, sous la direction de Cukor, alors quelle parait de nouveau en bonne santé, elle se suicide (le 5 août 1962) dans des conditions qui ont donné lieu à trop d'hypothèses romanesques. Il est intéressant de constater que, même en Europe, où les moeurs et les goûts évoluent plus vite qu'aux États-Unis, les reprises de ses films (après quelques années de " purgatoire ") obtiennent un succès constant, où la nostalgie entre pour fort peu de chose... |